Dans cette moelleuse et fraîche poudreuse je continue de suivre cette trace de canidé qui file tout droit le long de ce chemin d’où jaillissent par endroit les touffes de genêts. On est à environ 10km de la plus proche habitation. Les quatre pelotes mesurent près de 10cm de diamètre alors j’élimine d’office la possibilité qu’il s’agisse du lapin, du lièvre ou du goupil. Il ne reste plus que le chien comme candidat potentiel mais aucune trace de son maître n’est visible à ses côtés. Il est difficile quand devant une telle découverte de ne pas en arriver à la conclusion que j’ai pu marcher sur ses traces. Mais restons prudent, peut-être que des chiens se sont fait accompagnateurs de randonneurs dans le secteur. Un randonneur imaginaire certes et qui ne laisse pas d’empruntes. Mais peu importe la vérité car ce qui compte c’est que l’émotion était bien là tout en haut de cette crête aux confins du Mont-Lozère.
En ce qui concerne ses capacités à modifier la nature, l’humain est capable du pire mais aussi et parfois du meilleur. Oui, je n’ai pas honte de dire que parcourir un beau DFCI sinueux en corniche dans une grande plantation de hêtre en Lozère me met en joie. Ces larges allées lumineuses contrastent avec les petits chemins escarpés et après une rude descente dans un raidillon enneigé et glissant elles apportent un peu d’apaisement… Puis cela devient vite ennuyeux en réalité.
Le séjour a commencé par le repérage de la trace d’un gros blaireau qui a visiblement été suivi à son tour par un renard ou peut-être est-ce l’inverse ? Et puis la neige est tombée et là ce fut l’apothéose. Il y a encore de la vie dans ces forêts malgré la chasse et il suffit d’observer la multitude de traces de cervidés qui traversent les chemins pour le comprendre et parfois l’entendre aussi car quelques aboiements de brocards ont égaillé les sorties pour le plus grand des plaisirs de Monsieur K.
Si l’on observe une trace de sabot avec les empruntes des deux ergots arrière, alors aucun doute c’est un sanglier. Pour les autres sabots c’est plus complexe car il s’agit de repérer la forme et l’écartement (le filet en langage pisteur). Néanmoins la taille est un bon indicateur et deux énormes sabots ne peuvent conduire qu’à la piste d’un gros cervidé. Les traces plus petites et plus allongées sont souvent celles de chevreuils. Pour les blaireaux c’est simple car il faut compter cinq pelotes (oui, ils disent pelotes au lieu de coussinets les pisteurs…) mais avec une emprunte de bonne taille sinon cela peut tout à fait être une martre ou autre mustélidé. Attention tout de même car si les pattes antérieures et postérieures ne possèdent pas le même nombre de pelotes les cartes sont rebattues.
Je déconseille vivement à quiconque de tenter l’ascension du Mont-Lozère avec un vent à décorner les bœuf et un ressenti de -20° . On s’en souviendra avec Monsieur K car sans lui me tirant pour redescendre je crois que j’y serais encore avec une congère sur le bout du pif. Sa petite taille lui permettait de moins subir les rafales et il m’a transmit sa force. Nous étions cependant obligé de nous coucher au sol à chaque buttes de neige pour reprendre notre souffle. Comme quoi même à moyenne altitude et avec un temps ensoleillé on peut en chier en montagne. Et puis le dernier jour la fenêtre météo était bien meilleure et nous avons pu la terminer cette ascension ! Mais bordel le refuge plus bas qui proposait des tartes au myrtilles et des chocolats chauds était fermé ce Samedi ! Pourquoi ???
Merci de nous faire voyager avec toi, c’est toujours un émerveillement de voir ces belles vidéos et photos 😍
Et moi c’est toujours une joie que d’avoir tes petits messages sympas. En ce moment il y a un beau doc sur un Musher français qui tente l’Iditarod si tu veux rester dans la thématique : https://www.arte.tv/fr/videos/098129-000-A/musher-l-appel-de-l-alaska/
Zoubis !
Ta vidéo est trop top avec ses superbes paysages de neige, et je ne parle pas de la bouille expressive du Poussin qui a dû apprécier aussi ces belles redonnées. Comme toujours ton récit décrit bien l’atmosphère du moment ça donne envie.
Bisous
Alors en plus de tes connaissances sur les plantes sauvages, maintenant tu es incollable sur la reconnaissance des traces de la faune sauvage. Tu n’en finiras pas de surprendre !
Effectivement vous voilà pointu en empreintes! l’expérience ou stage d’initiation???
Bravo c’est enseignant pour nous aussi! Merci pour ces récits qui réactivent des ressentis en d’autres temps! à bientôt